ÇA (1986), Stephen King

L’amitié, l’amour, la mort et l’enfance perdue

 

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Rien de mieux pour inaugurer cette nouvelle section que l’auteur qui caractérise et incarne le mieux l’esprit du site : Stephen King. Le grand parrain du fantastique littéraire moderne, ultra prolifique, toujours à la pointe et au sommet de son art même après 40 ans d’existence par la plume. Je ne ferai pas l’affront de le présenter, bons nombres l’ont fait avant moi. Mais rien ne m’empêche de faire un petit hommage (de plus) à cet auteur ultra important !
Important très récemment pour moi je tiens à préciser. Je n’ai aucun passif avec lui, j’ai grandi avec des écrivains plus « classiques » tel que Oscar Wilde, Maupassant et bien d’autres (filière littéraire oblige). Je n’ai été introduit à son univers qu’après avoir eu un recueil (dans sa langue maternelle attention) de ses plus fameuses nouvelles adaptées au cinéma. Impossible de rester insensible au loustic, je l’ai dévoré aussi vite que j’ai pu avec mon niveau de l’époque. Adoré n’est pas le terme, le format nouvelle et la VO m’a laissé un goût « amer » en bouche. C’était du bon bien sûr, mais pas l’effet de transcendance escompté. Pourtant pas faute d’avoir été tenté après nombre d’écrit lu sur le bonhomme. Mais ce n’est que quelques années plus tard et son récent 22/11/63 que je suis tombé dedans. Long Format, ça change la donne ! J’ai totalement accroché et sa peinture des 50’s-60’s ainsi que tout son univers m’a totalement enchanté. J’en ai ensuite enchaîné plusieurs, mais c’est en lisant ÇA que j’ai compris la puissance du mec et toute l’influence qu’il a eu sur des générations d’écrivains, scénaristes ou encore réalisateurs. Pas n’importe qui et un monument le King. Une bien bonne raison qui m’a donné envie d’écrire quelques lignes sur le sujet.

51WqcJyjhgL._SX307_BO1,204,203,200_Finissant les dernières pages de son énorme pavé ÇA, je décide d’entamer mes propres lignes sur le sujet. Qu’est ce qui m’a pris d’attendre si longtemps avant de le lire ? Je me le demande bien. Un bouquin parfait du début à la fin. Un manifeste du talent du Sieur King : tout y est. Il dépeint avec une telle résonance de la réalité les thèmes de l’enfance, l’amitié, l’amour, la peur de grandir et tous les problèmes qui vont avec que ça en donne des vertiges. Mais il va plus loin et exprime tout haut ce que tout le monde pense tout bas : le problème de l’enfance que chaque adulte enfouit lâchement en lui en grandissant. Une enfance source de tous les plaisirs de la vie. Il ne faut pas avoir peur de garder la flamme, la passion et la puissance de l’âme d’enfant allumée. C’est ce qui nous maintient en vie et surtout sain d’esprit. Sans ça l’adulte devient bien morose, névrosé, blasé et sans intérêt…
Il évoque aussi les thèmes de l’écriture à travers l’écrivain à succès Bill, élément récurrent de l’ami King dans son œuvre. Et le tout mis en scène en plein cœur du Maine dans la petite ville de Derry pendant une époque qui lui est chère, qu’il connaît par cœur et qu’il dépeint tellement réellement qu’on s’y croirait. Sur la totalité du pavé on pourrait se demander comment il fait pour ne pas avoir de longueur, de moment de vide, de blanc ou autre… mais il faut le lire pour le croire ! Haletant jusqu’au bout, prenant et puissant. Un bouquin immersif à souhait, d’une puissance rare qui m’a cloué du début à la fin. Venant de la littérature c’est bien rare, je peux vous le dire. Rien dans ce livre ne peut tendre à décevoir, même la fin ! Plus le livre avançait plus je me suis demandé comment ça pouvait se terminer, comment l’acte final pouvait tomber et conclure l’histoire sans tomber dans des clichés et des évidences dénuées de réels intérêts. Mais bon sang il a du talent et m’a bien surpris par cette bourrade de qualité. Un tableau final sublimement tissé, plein d’émotions qui m’a presque tiré la larme à l’œil. Une montée en crescendo sur la fin, avec rebondissements et maniement de la plume parfaite. ÇA allie suspens, action, horreur, tristesse et espoir pour une fin en apothéose. Ça fait longtemps que je n’ai pas ressenti un truc pareil devant une œuvre, le sentiment d’avoir achevé quelque chose…Un sentiment de mélancolie et de grisaille à l’idée qu’on ne trouvera rien de pareil et d’aussi bien. Le petit temps de pause après avoir fermé le livre en repensant à l’intégralité de ce qu’on a lu, avec le sentiment d’avoir vécu ces aventures, d’avoir arpenté les rues de Derry avec ce Grand Bill, Meule de Foin, Bev’, avec cette petite touche de nostalgie qui pointe déjà… Je finirais par une citation du livre qui résume à elle-même toute la puissance et la portée de ce book : « Il pense que c’est bon d’être un enfant, mais que c’est aussi bon d’être un adulte et de rester capable de prendre en compte les mystères de l’enfance… ses croyances, ses désirs. J’écrirai un jour quelque chose là-dessus, pensa-t-il, sachant qu’il ne s’agit là que d’un songe nocturne, d’une pensée née du rêve. Mais il est agréable de s’y complaire quelques instants, dans l’impeccable silence de l’aube, de se dire que l’enfance possède ses propres et doux secrets et confirme notre mortelle condition, laquelle définit tout ce qui est courage et amour. »

Howard Bartleh

2 réflexions au sujet de « ÇA (1986), Stephen King »

  1. « exprime tout haut ce que tout le monde pense tout bas « , on dirait un slogan FN.
    Qu’est ce qui m’a pris d’attendre si longtemps avant de le lire ? La sortie d’un film non 😉 ?
    Je suis tenté de le lire du coup.

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    1. Ma foi oui, mais j’aurai dû le lire bien avant de savoir qu’un film sortait. Évidemment ça a bien précipité la chose, mais je l’aurais lu dans tous les cas.
      Lis le, pas prise de tête du tout, ça se lit bien et immersif à souhait ! Du grand King

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