David Lynch – The Big Dream (2013)

Bon dieu que ça fait du bien de pouvoir parler librement avec d’autres passionnés, de ne pas voir les heures filer, se rappeler de bons souvenirs, défendre son bout de gras, de découvrir et de se retrouver dans des goûts communs…en un mot PARTAGER. La vraie vie quoi ! Pas celle grisâtre brumeuse sans intérêt, mais bien celle colorée faites de rêves et de découvertes ! Et n’est-ce pas le but de tout ce travail ? Faire des rencontres ? Se retrouver avec des personnes qui te comprennent et pouvoir enfin s’ouvrir un petit peu et parler de ses passions ? Ça change bien sûr des gros vents rencontrés dans nos soirées mondaines quand on te sort que 2001 L’Odyssée de l’Espace est un chef d’œuvre et le meilleur film jamais fait, que tu n’as rien compris au cinéma et que ton Halloween III c’est une grosse merde, voir l’un des pires films d’horreur des années 80… alors que : de un, c’est le meilleur de la saga ; et de deux, carrément un chef d’oeuvre n’ayons pas peur des mots ! Et c’est justement un peu à cause de mes échanges avec Mr Cathodic Overdose que j’ai décidé d’écrire un article sur le Maître. C’est durant l’une de ces entrevues avec MC O sur le grand sujet Refn, sujet sensible pour le loustic, que je me suis rendu compte à quel point de mon côté j’ai toujours aimé et voué une adoration sans limite à David Lynch. Et pour ça, un simple merci au Mr qui se reconnaîtra bien évidemment.

sbr109-david-lynch-the-big-dream_71b26fef-f2ea-4c3e-827a-b8f0625c52b5_1024x1024.jpegPourtant lourd de symbolique dans sa carrière cinéma, c’est dans sa musique qu’il le sera dans ma vie. Musique que l’on évoquera ici comme vous l’aurez compris. Un point de départ déjà bien loin d’être anodin. Je n’avais aucune idée de sa participation dans le monde musical avant qu’un brin de jeune fille formidable, sachant ma légère adoration pour le cinéma du gars, m’en parle au détour d’un article qu’elle aura lu dans la presse aux alentours de 2013. N’ayant aucunement senti le traquenard émotionnel, d’un côté comme de l’autre, je suis allé écouter fissa et la féliciter de la découverte Big Bangesque de cet album. Pas de surprise pour vous lecteur attentif, j’ai totalement adopté sa musique depuis. Et comme vous ne l’aurez peut-être pas vraiment bien deviné, j’ai adopté dans ma vie de la même manière cette jeune fille extraordinaire & fabuleuse qui m’aura fait découvrir sa musique. Une petite idylle de tous les jours. Sauf malheureusement ces moments devant le cathodique sanglotant de toute part qu’elle redoute au plus haut point et qu’elle subit plus qu’autre chose…Et oui tout ne peut pas être rose chez Film Reel from Outer Space !
Enfin bref, passons ce souvenir qui m’est bon de me rappeler et qui me donne toujours ce sourire innocent sur le visage… sourire de bienheureux !

Introduction parfaite pour parler de ce disque, n’est-ce pas ? J’en suis pas peu fier je peux vous le dire. Mais parlons plus de la musique, parce que je vous connais c’est ça qui vous intéresse. Les souvenirs ça va bien cinq minutes mais vous vous en tamponnez bien vite.
Pour commencer, faut aimer le gars pour écouter ses mélodies. Je doute que ceux qui sont hermétiques à son ciné peuvent se retrouver dedans, donc tous ceux qui sont concerné allez claquer la porte, ou pour les moins extrêmes changez juste d’article ça marche aussi. Pour les autres bonne lecture.

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Lynch nous plonge dans une extension de son univers grâce à sa musique, une œuvre singulière qui avait tout pour me plaire en postulat de base. À l’instar de son cinéma tout est représenté dans l’ambiance. Comme il le dit lui même, il n’est pas un bon musicien (un souvenir presque faussé me souffle à l’oreille qu’il aurait dit qu’il ne sait même pas jouer de musique…mais sans doute un fantasme de ma part). Mais loin de me fâcher, ça développe encore plus l’amour que j’ai pour son art. La technique et le « talent » n’a jamais été une chose importante à mes yeux, c’est ce qu’on en fait qui pèse dans la balance. Et ici la technique n’est pas au rendez-vous, n’en déplaise au Van halen qui sommeille en vous, mais il arrive à faire du rêve avec du rien. Un rêve bien plus merveilleux que tout solo du chevelu. De la vraie magie. Des notes de claviers brumeuses, des rythmes simples et entêtants, des guitares élégiaques simples mais cristallinement magnifiées et sa voix nasillarde unique pour raconter ces contes fantasmagoriques (« Wishing well » exemple parfait). Je compare souvent sa musique à du blues, un blues froid qui touche au plus profond de l’âme, distant mais en même temps innocent et naïf (accentué par sa voix). Une comparaison poussée encore plus grâce à ces boucles, presque des standards de son univers, qui constituent ses chansons comme le sera « Last Call ». Il nous dressera aussi de belles ballades (« Cold Wind Blowin ») non sans rappeler nos heures dans Twin Peaks le cœur serré de ces souvenirs mirifiques…
david-lynch-the-big-dream-studio.jpgComme toutes ses chansons, toutes les notes nous renvoient à son univers bien particulier, des bribes de films, des séquences et ressentis. Et je pense que c’est un magnifique accomplissement pour un artiste que d’avoir créé un univers tellement fort, une œuvre tellement puissante qu’elle en est liée par toute sa personne et ce qu’il peut faire. Que ce soit quand on l’écoute on se retrouve dans ses films et vice-versa. Et quelque soit ses chansons, elles ont chacune la touche, l’ingrédient, qui te fissure un peu le palpitant et qui te débloque le cervelet pour ne te dire qu’une seule chose : c’est harmonieux, enchanteur et beau. Beau dans toute sa pureté, comme ce refrain de « We Roll Together », l’ambiance fantomatique de « Wishing well » ou cette merveilleuse conclusion d’album qu’est « Are you Sure ».
Ce n’est pas commun c’est sûr, et je pense qu’il fait partie de ces musiciens qui divisent totalement. Soit on aime, soit on n’aime pas. Soit on se laisse happer dans son monde, soit on referme la porte rebuté sans chercher à comprendre. Mais une fois la porte entrouverte, le seuil franchi, on restera toujours un petit peu coincé dans son monde. Dans sa pièce toute de rouge vêtu, comme hanté par l’artiste.

En quelques mots c’est beau, simple, hallucinatoire, sincère et naïf, presque enfantin, mais aussi très sombre et rempli d’émotions. À l’image de sa personne en fait. Un artiste en marge totale de la société qui donne l’impression de ne vivre QUE pour son art, quelque soit sa forme, et pour rien d’autre. Une personne à part de la populace normale, que je qualifierai presque de socialement inadapté mais touchant et émouvant, qui nous donne un nouveau témoignage de sa qualité humble, inoffensive et bienveillante. Un être singulier qui me fascinera jusqu’à la fin, qui s’exprime à travers les médias à sa disposition, qui a du sens et un but.
Il sublime sa carrière avec cet album, dernier vestige de son art, si ce n’est la récente saison de Twin Peaks encore inédite pour moi. Un album important pour moi, pour les raisons citées plus hauts, et bien d’autres. Un album que j’adore dans toute sa longueur, que je défendrais becs et ongles ! C’est bien simple, il est dans ma courte liste des albums qui m’ont le plus marqué dans ma vie et qui me suivront partout.

Howard Bartleh

2 réflexions au sujet de « David Lynch – The Big Dream (2013) »

  1. Je me sens obligé de commenter ta critique, me reconnaissant dans ta position. Ne côtoyant pas les soirées mondaines contrairement à toi, je suis souvent critiqué pour mes goûts cinématographiques lors des soirées entre potes. L’impression désagréable de se retrouver dans des réunions tupperware de téléramistes. Lynch fait débat, mais reste dans les bas-fonds de leurs tops 100 des réalisateurs importants concernant le 20ème et désormais, 21ème siècle. Son oeuvre sort tellement du lot bordel! A chaque fois que je me regarde Twin Peaks (mon « livre de chevet »), je ressens énormément de choses et cela me donne envie de prendre la route dans cet état de Washington devenu aussi mythique qu’inquiétant, en écoutant en sourdine un groupe du cru aussi puissant qu’avant-gardiste: Nirvana! Lynch, il y a quelques années, a été ma porte d’entrée pour la grande maison du cinéma alternatif. Mon grand frère me l’a fait découvrir, au même titre que d’autres réalisateurs largement sous-estimés, non pas pour leur grande technicité ni leur niveau de narration, mais pour les ambiances, les sentiments et les délires qui laissent des traces mnésiques agréables pour longtemps. Je pense notamment à Rob Zombie, Paul W.s Anderson et Uwe Boll. Qu’en penses-tu?

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    1. Un temps de réponse ma foi fort long ! Excuse moi pour ce retard! Je te rassure, je ne côtoie pas les soirées mondaines mais j’ai croisé pas mal de gens qui y font tout comme haha! Mais totalement la même chose, chacun se découvrant la science infuse dans ce genre de situation et surtout voulant te juger en te pointant du doigt, devenant carrément Juge Suprême pour se la marrer bien comme il faut. Faut croire que ce n’est plus à la mode d’aimer Lynch… Mais le gars a clairement tout fait, et chaque fois qu’il met en boîte quelque chose ça vaut le détour. Qu’on aime ou qu’on aime pas, ça fait vraiment ressentir des trucs comme tu dis. Il est clairement dans la case « à côté » et je respecte l’artiste mais j’adore surtout l’homme derrière. Surtout dans Twin peaks tu retrouves vraiment un côté personnel du gars.
      Ton frère a de très bon goûts haha!
      Le vieux Rob Zombie je suis d’accord, mais je pense qu’on l’a perdu le gars. je ne sais pas ce que tu as pensé de son 31 mais ça ne sent vraiment pas bon… encore moi avec son projet en cours de la suite de Devil’s Reject. pour le reste je vais être ignorant j’avoue. Uwe Boll me laisse indifférent, il fait son délire dans son coin quoi. Et Anderson je doute avoir vu des trucs de lui! Mais je te rejoins quand même sur certain point !
      Et merde faut arrêter de juger et de vouloir toujours pointer du doigt bordel!

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